Histoire

A l’aube de l’an mil, la commune de Saint-Maixent-de-Beugné est une région recouverte de forêts, traversée par de nombreux ruisseaux et en particulier celui du Theu.

La cité de Saint-Maixent-l’Ecole fondée en 507 par Clovis connaît en 1059 un puissant tremblement de terre qui provoque de fortes destructions. Les habitants de la paroisse de Sainte Radegonde de Saint-Maixent-l’Ecole, effrayés, se réfugient alors dans la forêt de Vouvant. Accompagnés par l’abbé Archimbault, ils refusent de revenir dans leur foyer. Ce prêtre demande alors au Comte de Poitou la cession d’une partie de la forêt pour y fonder une église en l’honneur de Saint-Maixent. Cette demande est exaucée et une nouvelle paroisse s’élève peu après : « Saint-Maixent de Beugné ».

Le dictionnaire topographique des Deux-Sèvres (1902) relève que cette petite bourgade fut nommée successivement au cours des siècles : BUGNIACUM (vers 1300), BEUGNE (1557) puis BUIGNE (1568), BEUGNE (au 17ème siècle), BEUGNE la vraie croix (au 18ème siècle). Etymologiquement, BEUGNE du patois «boeurquer » – «bossuer » signifie une bosse et évoquerait ainsi la topographie du village, le bourg et l’église étant construits sur une petite éminence/butte  dominant les alentours.

La fin du 11ème siècle est une période de troubles, d’anarchie féodale, de famines, de grandes misères et en particulier sous le roi Henri 1er. La « Trêve de Dieu » décrétée à cette période a pour but de mettre fin à la violence, aux guerres entre les seigneurs et à leurs brigandages. Dans le même temps sont fondées les paroisses de la Gâtine, du bocage, dans les forêts qu’il aura fallu déboiser pour y installer des centres d’habitation et villages près des fontaines ou des ruisseaux.

C’est dans ces conditions que les Saint Maixentais arrivent sur notre future commune. Ils y trouvent une forêt aux essences variées de bois comme le chêne, l’orme, le châtaignier, le frêne. A l’approche de cette forêt, ils découvrent un lieu propice à leur installation et tout particulièrement sur la rive gauche de la petite rivière du Theu où ils construisent les premières habitations. Il semblerait que la famille la plus influente se soit  établie près des sources de la Roussière en tant que seigneurs de cette petite colonie relevant du comte du Poitou.

Peu à peu, au fur et à mesure de leur installation, les bûcherons se mettent à l’œuvre pour la conquête du sol, les cultivateurs pour l’exploitation des terres défrichées en particulier pour des pâturages. Ils constituent progressivement une petite communauté de bûcherons, pasteurs, gardiens de troupeaux, tailleurs d’habits, tailleurs de pierre, maréchaux-ferrants, sabotiers, fileuses, tisserands, charpentiers, menuisiers, cordonniers, boulangers, cabaretiers, meuniers …

Les défrichements se poursuivant vers le nord au-delà du Theu, de nouveaux sentiers se créent, en particulier vers l’église actuelle, principal centre d’attraction et de puissance. Puis de nouveaux chemins sont ouverts vers la Girardière, Livernière, la Bruyère, la Bazinière. Tous ces sentiers deviennent peu à peu propriété commune. Le meunier emprunte ces sentiers pour aller chercher le seigle ou le blé noir pour le moudre au moulin à eau de la Girardière.

La période la plus prospère de Saint-Maixent-de-Beugné se situe sans doute aux 18ème, 19ème et début du 20ème siècle. En effet, au 19ème siècle on recense une population d’au moins 650 habitants.

Mais pourquoi « Beugné la vraie croix » ?  Il s’avère qu’au 18ème siècle, cette petite paroisse devient un lieu de pèlerinage qui accueille des centaines de pèlerins dans son église pour y vénérer un morceau de la vraie croix. Pour héberger ces pèlerins s’élève une auberge nommée « auberge de la Croix Blanche » à l’emplacement du café actuel, Le Fournil, avec ses dortoirs, étables, mare, puits… Ce bâtiment est en partie détruit en 1950.

La commune, située entre plaine et gâtine, a connu bien des transformations en mille ans et a dû s’adapter aux exigences de l’extérieur. Les sentiers sont devenus progressivement des chemins vicinaux, communaux, des routes vers les communes avoisinantes. Les habitants,  après avoir structuré le bourg, se sont éloignés du centre, se sont installés le long des sentiers et chemins et progressivement les hameaux de la Girardière, la Bruyère, Livernière, la Bazinière, le Fief, la Nouelle voient le jour autour des ruisseaux et fontaines. La présence de lavoirs en témoigne ainsi que quelques vestiges : pierres avec dates, taille de pierre… La situation sociale connaît aussi de profondes transformations aux niveaux politique, économique et administratif. Au 11ème siècle, Saint-Maixent-de-Beugné est sous la protection du comte de Poitou. Au fil des siècles, les habitants se mettent sous la protection de la famille Girard de la Roussière (entre 1330 et 1600) laquelle est remplacée par les familles  de Champagne, de Damas, de Cumont, de Vibraye, de Chabot. Ces seigneurs attribuent en métayage aux habitants des terres pour leurs besoins. Ainsi se développe un métayage, type de bail rural dans lequel un propriétaire (le bailleur) confie à un métayer le soin de cultiver une terre en échange d’une partie de la récolte. Quelques habitants devenus de petits propriétaires n’adhérent pas à ce système d’exploitation agricole et se mettent à l’écart en exerçant des métiers indépendants comme au Fief par exemple.

Au niveau économique, la Gâtine réputée pour le tissage des draps, permet à de nombreux habitants de Saint-Maixent-de-Beugné de s’enrichir et l’on dénombre plusieurs tisserands au 18ème siècle. La culture de la vigne devient une véritable source de richesse pour certains au 19ème siècle, pour preuve les multiples parcelles de terrains nommées  « le Bas des Vignes ou le Haut des Vignes », parcelles situées sur le versant sud de l’entrée de la Bazinière en venant de la Roussière.

Au niveau administratif, jusqu’à la Révolution Française, les registres paroissiaux sont les témoins du développement de la petite bourgade. Le curé Pelletier cesse de signer les registres de l’Etat Civil après le 3 avril 1792. Ces registres sont définitivement clos lorsque le Directoire des Deux-Sèvres lance un arrêté contre les prêtres réfractaires.

Les guerres de religion, la révolution de 1789, l’insurrection vendéenne de 1793 (Beugné est en limite sud), les guerres napoléoniennes, la chute de l’Empire ont marqué l’histoire de Saint-Maixent-de-Beugné, mais il est évident que les difficultés de transport et de communication ont accentué une vie en autarcie jusqu’au début du 20ème siècle. Progressivement les habitants de notre commune se sont ouverts à l’extérieur. Le service militaire et la guerre de 1914 – 1918, avec ses nombreuses pertes humaines, ont conduit beaucoup de jeunes de la commune à découvrir de nouveaux horizons. Les suites des deux guerres mondiales (reconstruction, Trente Glorieuses, progrès technique etc.) et en particulier les nouveaux moyens de communication (voiture à cheval, train), le développement du réseau routier (nouveaux tracés de routes plus larges et empierrées), l’installation de l’électricité avec le syndicat du SIEDS, la mise en service du réseau d’eau potable (avec le syndicat du SMEG), l’utilisation des voitures ont mis fin au cours du 20ème siècle à l’isolement du village…

Après une chute sensible de la population tout au long de la seconde moitié du 20ème siècle, la commune connaît un nouvel essor avec une population en augmentation depuis le début des années 2000. C’est aussi le cas de beaucoup d’autres villages de nos campagnes qui se situent dans la deuxième couronne de Niort et de Fontenay-le-Comte.

Source : Livre « Saint-Maixent-de-Beugné », écrit par Michel Bertaud et Michel Husson de l’Association Histoire et Patrimoine de Béceleuf.